Jean Fréour ( - )
Jean Fréour est né à Nantes. Tout jeune, Fréour clame sa volonté d’être sculpteur, ce qui ne ravit pas ses parents. Son caractère décidé sait les convaincre, et en 1936 le voilà parti pour les Beaux-Arts de Bordeaux où il suit les cours de Malric. En 1939, il est lauréat d’une bourse pour poursuivre ses études aux Beaux-Arts de Paris, preuve de son talent. Mais c’est sans compter sur son tempérament bien trempé et son côté ermite qui ne s’accommode ni à Paris ni à l’atelier d’Henri Bouchard. C’est la première de ses décisions contre nature. Il y en aura d’autres.
Il rentre à Issé près de Châteaubriant chez son grand-père et s’installe dans une grange pour y travailler. En 1942, un galeriste de Nantes lui organise une exposition et les commandes commencent à arriver. Jean Fréour a essentiellement réalisé des commandes publiques bien souvent religieuses venant de Mairies, mais il a également travaillé pour des collectionneurs et quelques particuliers.
En 1952, lauréat du concours de la fondation de la casa Vélasquez, il part à Madrid pour normalement deux ans. Mais une fois de plus, loin de sa terre natale, l’ermite ne se sent pas à son aise, après cinq mois passés en Espagne il rentre au pays. En 1953, alors qu’il est hébergé à la manufacture HB, un modeleur qui travaille à Vallauris impressionné par sa technique lui fait savoir que Picasso cherche un sculpteur pour réaliser ses céramiques. Une fois encore il décline la proposition. Jean Fréour ne peut travailler que pour lui-même.
Puis en 1955, il s’établit à Batz-sur-Mer et il reprend ses commandes gigantesques : un Christ Roi de cinq mètres quatre-vingts qui domine le vignoble de Loroux-Bottereau, un saint Conwoïon en granit rose de deux mètres soixante… Il sculpte tous les matériaux : bois, marbre, granit, onyx, rien ne lui résiste.
Puis en 1966, il abandonne un peu les sujets religieux pour revenir à ses premières amours : la sculpture de nu féminin. Chez lui la sensualité est présente, mais sans érotisme trouble. Un visage est l’image transparente de l’âme, un beau corps, la demeure de l’esprit. C’est aussi à cette époque qu’il se met à la peinture et réalise à l’aquarelle des paysages et des natures mortes. C’est en 1969 qu’il épouse sa muse Soizic de Closmadeuc qui apporte un rayonnement nouveau à son art.
C’est un artiste orgueilleux, honnête, profond, spirituel, qui refuse les modes, qui n’entend tirer chacune de ses œuvres que de lui-même. C’est un solitaire épris de beauté pure et doté d’un sacré caractère.