René-Yves Creston ( - )
L’homme est immense par son œuvre : peintre, céramiste, ensemblier, illustrateur, décorateur, ethnologue spécialiste du monde maritime, navigateur ou simplement militant au service de l’émancipation du peuple breton. La force et l’originalité de cette œuvre multiforme est étroitement associée à celle d’une cohorte d’artistes qui fondèrent et animèrent avec lui le mouvement artistique et social "Ar Seiz Breur" (les sept frères) entre 1923 et 1947. Elle marque un avant et un après des Arts décoratifs en Bretagne.
Homme de caractère, Creston n’hésite pas à s’engager dans la Résistance dès août 1940 au sein du Réseau du Musée de l’Homme et à monter un groupe de renseignement à Saint-Nazaire dont les informations sont fort utiles pour la préparation du raid britannique du 28 octobre 1942.
Il écrit dans Breiz Atao et aide à la parution des revues d'art Kornog et Keltia. Il passe de la gravure sur bois à l’aquarelle ou à l’huile. A partir de 1925, il travaille pour la manufacture Henriot à Quimper. On lui doit entre autre une sculpture de Nominoë et de La paludière à la gède. Il illustre le livre Kan da Gornog de Youenn Drezen, pour lequel il invente une nouvelle typographie. Le nazairien a laissé de puissantes gravures sur bois, pour illustrer le chef-d'œuvre de son voisin Alphonse de Chateaubriant "La Brière".
René-Yves Creston a mené jusqu’à son dernier souffle, armé de sa conviction, de ses crayons et pinceaux, une lutte déterminée pour que la Bretagne ne disparaisse pas des cartes terrestres et des manuels scolaires. Comme le résume la revue Le Chasse Marée dans un article qu’elle lui a consacré en 1995, « il a livré un combat contre l’oubli avec l’élégance suprême de ceux qui savent s’effacer devant leur sujet».