Jean-Julien Lemordant ( - )
D’origine malouine, Jean-Julien Lemordant étudie la peinture à Rennes puis à Paris, à l’atelier Bonnat. Il va ensuite sur les traces de Gauguin à Pont-Aven puis à Doëlan, avant de s’installer à Penmarch. Tirant profit des recherches de l'École de Pont-Aven et des fauves, il invente son propre langage pictural, fait de mouvement, de force et de couleur.
A l'âge de 28 ans, le jeune peintre peu connu reçoit sa première commande importante. Le propriétaire de l'hôtel de l'Épée, à Quimper, lui demande en effet de décorer la grande salle à manger. Le décor, peint entre 1906 et 1909, est présenté dans son ensemble depuis la rénovation du Musée des Beaux-Arts de Quimper, en 1993. Ce décor de soixante mètres carrés et a, à l'époque, un succès considérable autant auprès des Bretons qu'à Paris et contribue à la grande notoriété du peintre. Cela lance également la mode des fresques peintes dans les hôtels de Bretagne.
En 1913, on lui demande ainsi de décorer le plafond du théâtre de Rennes, avant que la guerre ne vienne bouleverser sa carrière. Du statut de jeune peintre prometteur, Lemordant passe à celui de victime de guerre récupérée par les militaires et les politiques. Blessé plusieurs fois puis fait prisonnier par les Allemands, Lemordant est blessé à un œil ce qui le plonge partiellement dans le noir, mais sa cécité n'est pas complète. Il demeure une part de mystère sur sa vision réelle.
Ce qui est sûr c'est qu'une enfance très dure, fils unique d'une famille miséreuse il devient orphelin à quinze ans, et la guerre l'ont profondément traumatisé. Et cela explique sa position victimaire d'après la guerre, comme si la nation lui devait réparation pour toutes ses misères. Quelle plus grande cruauté pour un artiste qui ne vivait que pour son art que de perdre la vue. Malgré sa courte période de travail, il laisse une œuvre qui éclaire sur la force de cet homme, l'audace de ses couleurs et de ses lignes témoigne de son énergie et de son combat pour la vie.