Thomas-Alexander Harrison ( - )
Après avoir étudié en 1871-1872 avec Georges W. Pettit à la Pennsylvania Academy of the Fine Arts de Philadelphie, sa ville natale, Harrison participe durant six ans comme dessinateur à une expédition cartographique gouvernementale le long de la côte du Pacifique. C’est en 1879 qu’il quitte les États-Unis pour s’installer en France, accompagné de ses deux frères, eux-mêmes peintres, Birge Harrison (1854-1929), élève de Luc-Olivier Merson, et Butler Harrison (mort en 1886). Élève de Gérôme et de Bastien-Lepage.
Alexander Harrison se fait vite remarquer par des œuvres aux sujets quelque peu anecdotiques mais propices à de remarquables études de lumière. Le peintre se consacre toutefois bientôt presque exclusivement à la mer avec un grand succès. Il est parfois considéré comme le chef de file des peintres américains de Paris et ouvre un atelier pour préparer ses compatriotes à l’Exposition universelle de 1889, à laquelle il obtint une médaille. Il reçut la Légion d’Honneur la même année. Membre de nombreux jurys et comités artistiques, Harrison exposa aux Sécessions de Vienne, Munich et Berlin et il comptait parmi les artistes étrangers les plus influents de Paris.
En 1893, l’État se porte acquéreur au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts de La Solitude, qui associe un paysage lacustre nocturne à un nu poétique. Le peintre découvre la Bretagne très tôt après son arrivée en France. L’aspiration à représenter de grands espaces incite Harrison à fréquenter la baie de Concarneau plutôt que Pont-Aven. C’est à Beg-Meil, surtout, que l’artiste trouve matière à ses études de lumière et de couleurs. Les grandes plages qui séparent la pointe de Beg-Meil de Bénodet sont propices à une contemplation sans bornes.
On sait que le peintre est proche du jeune Marcel Proust, et qu’il le fréquente justement à Beg-Meil. Le futur auteur d’À la recherche du temps perdu y vient en effet plusieurs étés de suite au milieu des années 1890, en compagnie du compositeur Reynaldo Hahn. À la fois modèle pour le personnage du peintre Elstir, et aussi pour certaines descriptions de la mer qui semblent inspirées de ses peintures, l’artiste semble avoir impressionné l’écrivain qui s’en souvient en écrivant À l’ombre des jeunes filles en fleurs.
Dans la belle marine entrée dans les collections de Quimper, et peut-être peinte à Beg Meil, Harrison choisit le nocturne pour évoquer, une fois encore, les infinies nuances de la mer et du ciel.